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Faire rhizome I

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Faire rhizome est un processus pictural continu à travers le déploiement d’une ligne nomade infinie dans un espace clos (intervention sur toute la surface de l’atelier). 

L’espace clos comme territoire, comme production de signes continus et mouvants, à articulations infinies et hétérogènes.
Créer du territoire et revendiquer l’univers. Le territoire comme impulsion, l’univers comme mouvement continu. C’est la signature perpétuelle du corps dans une multiplicité de peintures qui se connectent, se contaminent, se raccordent, se voisinent et circulent, dans une infinité de combinaisons.
Bref, de la matière-flux continue à travers les différents états de la ligne.
La peinture inclut la ligne dans le temps. Elle inclut des vitesses, des repos, des plis et des déplis, des intensités variables, des enclaves et des disponibilités, c’est de la texture « matièrepli – matièretemps ».
Dans le mouvement improvisé et imprévisible du geste, la ligne s’actualise et se réalise en ignorant son propre déploiement. La substance même de la ligne, c’est-à-dire la matière/couleur se soumet aux forces physiques qui la plient et la fixent par nécessité. C’est une ligne mouvement/vitesse qui se tresse dans et par la matière/couleur, ce tressage constitue la topographie même de la ligne. Elle est mutante, polymorphe, elle s’actualise dans le mouvement, se réalise dans l’étendue et s’inclut dans la matière. Une ligne picturale.

« Ligne sans origine, puisqu’elle a toujours commencé hors du tableau qui ne la prend qu’au milieu, sans coordonnées puisqu’elle se confond elle-même avec un plan de consistance où elle flotte et qu’elle crée sans liaison localisable, puisqu’elle a perdu non seulement sa fonction représentative mais toute fonction de cerner une forme quelconque. »2

Ce n’est pas une ligne érudite, mais une ligne chargée de particules cosmiques. C’est une ligne qui n’est pas juste, mais rigoureuse. Ce n’est pas une ligne/segment, mais une ligne nomade.
C’est une ligne nature qui ignore l’antériorité, ligne comme prolongement du mouvement du corps ; elle est produite comme signe abstrait parce que le geste s’est libéré de ses fonctionnalités. Désarticuler le bras et décodifier le geste. Le corps se prolonge comme machine de production, production nature/abstraite, d’où une zone d’indiscernabilité corps/cosmos.


Peinture/texture, ligne/expression est un processus dynamique qui n’a ni envers ni endroit, qui passe du plan au volume par plis et déplis, c’est un espace multidirectionnel et flottant.
Ce sont les inflexions et les vitesses de la ligne, à travers la matière/couleur qui font la texture.
Plier la ligne, plier le plan, sont les conditions d’un espace à transformation continue, pas fond et forme, mais forme et déforme. L’œil est happé par un nomadisme pour dégager de la forme, forme qui se désagrège aussitôt après que l’œil a quitté ce mouvement. C’est un espace de textures que l’œil parcourt de façon tactile.
Déploiement rhizomatique dans un espace monadique.


Faire rhizome c’est porter le désir jusqu’à son envol.

 

Ridha Dhib – janvier 2005

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